La méthode Bodysystemics

La Bodysystemics (BS) est issue du constat d’échec et des limites que rencontrèrent certains chercheurs en communication non verbale. En effet, l’homme est nécessairement situé dans une culture et un contexte particuliers dont il s’emprunt. Sa gestuelle est même parfois inversée, par exemple en fonction du sens de l’écriture. Les gestes et les expressions faciales dans ces conditions ne peuvent pas être exclusivement et strictement universels comme le prétendent les naturalistes, mais dépendent aussi du contexte. Faire un listing exhaustif des items corporels repérés en dehors de la relation qu’entretient le sujet n’a aucun sens et peut même prêter à confusion dans l’interaction. La mise en garde de R Birdhwhistell à l’égard de tous ceux qui voulaient intégrer le non verbal comme un phénomène inné et universel prend ici tout son sens. En effet, l’homme ne peut être exclu du système dans lequel il échange.

L’équation qui résume le mieux la Bodysystemics est :

C = f(P,E) avec C = comportement, P = personne (gestes, émotions…), E = environnement (contexte)

La BS est une discipline dont l’objet spécifique est d’étudier et comprendre le fonctionnement de la pensée, notamment par l’étude des comportements non verbaux. Elle s’inscrit en grande partie dans le champ paradigmatique des sociaux constructivistes et s’emprunt des constats issus du mouvement de Palo Alto. Plus largement elle tente au sein de ces critères, de comprendre la cognition et les comportements humains qui s’incarnent dans le corps à travers les comportements non verbaux. Dans cette optique, elle intègre le rapport qu’un individu entretient avec son contexte pour mieux comprendre ses intentions, ses émotions et ses motivations. La culture et la communication verbale sont donc également prises en compte, puisque faisant partie du contexte interactionnel.

Pour faire une analogie avec le langage parlé, l’approche naturaliste comme celle de P Ekman, tente d’éditer un catalogue de noms ou de concepts correspondant à des items non verbaux sous la forme d’un éthogramme exhaustif : un dictionnaire.

La méthode Bodysystemics (BSM) tente de comprendre le système qui articule ces noms ou ces concepts entre eux. Elle intègre donc de facto ce « dictionnaire » mais propose en plus une véritable grammaire afin de mieux comprendre les logiques, les règles et les principes qui sous-tendent la production des gestes, des mimiques et des postures dans chaque contexte particulier.